CD, RAM, EEPROM,… La langue française foisonne de ces sigles dont on ne connaît pas toujours la signification. Dans le domaine informatique, où le phénomène est marqué, les termes anglais sont bien souvent repris et démocratisés avant que la traduction officielle française ne soit établie. Celle-ci se fait alors difficilement une place auprès des usagers qui s’accommodent très bien du terme de la langue source et méconnaissent le terme français. Deux phénomènes peuvent, entre autres, expliquer la préférence donnée au terme de la langue source :
- le souci de se faire comprendre des autres spécialistes du domaine
- la volonté de se démarquer des non-spécialistes
Quelles conséquences pour le traducteur ? Quels défis les nouvelles technologies de l’information et de la communication lui posent-elles ? Ce domaine se caractérise par une instabilité terminologique due notamment à l’évolution rapide des nouvelles technologies et leur diffusion au niveau mondial. Un autre facteur d’instabilité est la lexicalisation dans la langue cible de termes de la langue source : l’on obtient ainsi des expressions telles que fichiers batch, faire du morphing, vendu en bundle ou acheter du shareware, où le français et l’anglais s’entremêlent.
Ce manque de cohérence terminologique complique le travail du traducteur.
Sa démarche consiste, notamment, à se poser la question de l’existence d’une traduction officielle et de sa fréquence d’utilisation. Le terme anglais résiste souvent à la fois à la traduction et à l’évincement dans l’éventualité où une traduction officielle existe. Celle-ci peut être diffusée par le biais des fabricants français de produits informatiques et de logiciels.
Mais en attendant que ces produits gagnent du terrain sur le marché, le terme français risque de n’être connu que par un nombre réduit de spécialistes dans le domaine (et encore faut-il que ces derniers l’emploient). Il y a donc de fortes chances pour que davantage de lecteurs reconnaissent le terme anglais et que l’emploi de ce dernier facilite la compréhension du texte, d’où la nécessité de préciser le terme source entre parenthèses si le traducteur choisit le terme français.
Exception faite, bien sûr, des termes français couramment employés dans le domaine informatique, mais ils ont tendance à se raréfier. Doit-on le déplorer ? Il s’agit là d’une question que nous aborderons à une autre occasion.