À l’heure des communications audio-visuelles sous toutes leurs formes, auxquelles un nombre de personnes toujours plus grand a accès, notamment dans les pays du monde occidental, il n’est pas vain de se poser la question de l’avenir de l’évolution des langues.
Les langues de ces pays vont-elles se simplifier outre mesure, autrement dit s’appauvrir ? Nos échanges verbaux suivront-ils la tendance de nombreux échanges écrits, (textos, méls, tweets, etc.) que nous envoyons chaque jour pour communiquer avec, pour conséquence, une diminution de la richesse linguistique des échanges épistolaires telle que nous l’avons connue autrefois.
Rares sont les rédacteurs qui s’efforcent d’envoyer des messages par téléphone en langage intelligible par tous, voire en respectant les règles de ponctuation.
Les anglophones utilisent couramment des abréviations, des acronymes dans leurs communications orales et écrites. Ils sont plus habitués que les francophones à lire des textes sous forme simplifiée. Cela crée d’ailleurs souvent un casse-tête pour les traducteurs.
Je me demande si les jeunes générations ont déjà entendu de belles expressions de notre langue française qui ne relèvent pas d’un domaine particulier ou d’un jargon de métier. Qui utilise encore dans la conversation courante « Renvoyer aux calendes grecques » ? « Prendre langue avec » ? « Tomber de Charybde en Scylla » ? « Sans acception de personne » ? « Tomber dans les bras de Morphée » ? « Agir avec circonspection » ? « Faire la tournée des grands ducs » ? « Tomber en désuétude » ?
Les gens ont simplifié leur façon de parler, aidés en cela par certains médias, au point de remplacer ces expressions par des termes plus « terre à terre », moins compliqués diraient-ils !
Nous avons maintes fois l’occasion de le constater, le traducteur professionnel suit cette même tendance. Les traductions sont rarement émaillées de mots ou d’expression qui appartiennent au beau langage, même quand la nature du texte le permet. Les belles expressions qui ne s’utilisent plus finissent par disparaître et par devenir des pièces de musée que d’aucuns admirent chez les auteurs classiques et d’autres utilisent pour préserver la richesse de notre langue.
Je me félicite d’avoir appris des listes de mots savants et d’expressions courantes et moins courantes ainsi que leur signification au cours de mes études, avant d’obtenir mon diplôme de traducteur. Il est, à mon sens, indispensable de bien maîtriser sa langue maternelle et la richesse du vocabulaire qu’elle comporte, avant de commencer à traduire à titre professionnel et d’aborder les domaines spécialisés que nous traitons quotidiennement, en continuant à nous former.
Le traducteur a un rôle important à jouer dans l’évolution de sa langue maternelle. Il doit conserver, autant que faire se peut, le patrimoine linguistique et l’enrichir par l’apport de néologismes pour rester fidèle à l’esprit du texte qu’il traduit.
Il doit s’efforcer de maintenir à l’attention de son lecteur un niveau de compréhension optimal sur une traduction car ce dernier ne parle pas la même langue que l’auteur du texte. L’art du traducteur a fait son effet si non seulement le sens, mais aussi le style originels sont reproduits dans la traduction.