Afin de prouver toute la complexité et l’importance de la traduction, nous allons prendre l’exemple d’un domaine universel dans lequel toute personne peut s’identifier et comprendre les enjeux de cet article. En effet, dans le milieu du cinéma, le titre d’un film apparaît comme essentiel en ce qu’il constitue le premier lien entre le contenu du film et les spectateurs potentiels, et a pour but de donner une première impression aux spectateurs, à même de les inciter à voir le film.
Nous allons tout d’abord nous intéresser au film Sudden Impact, mettant en scène Clint Eastwood, dont la traduction française est « Le Retour de l’Inspecteur Harry ». On remarque tout d’abord que le titre original en anglais ne comprend pas le mot return, ce qui peut paraître anodin, mais qui laisse en réalité beaucoup plus de souplesse au titre anglais, d’autant plus que le film fait partie d’une saga composée de plusieurs films narrant les aventures du même personnage.
En français, il convient de remarquer que l’utilisation du terme « retour » est désormais ancrée dans les mémoires de nombreuses personnes amatrices de cinéma, en ce que cette tournure est porteuse d’une certaine impatience vis-à-vis d’une nouvelle intrigue mettant en scène des personnages déjà connus.
Dans le cas du film « Le Retour de l’Inspecteur Harry », on a sans doute préféré s’en tenir à des valeurs sûres en choisissant la formule « le retour de », suivi du nom du personnage principal, afin d’attirer le public qui est déjà connaisseur de la série, alors qu’il est évident que Sudden Impact n’aurait pas eu autant de portée sur les spectateurs.
Le fait est qu’en français, on a décidé de nommer le premier film de la série « L’Inspecteur Harry », ce qui oblige ensuite à s’en tenir à une certaine rigueur au niveau des titres, en rappelant à chaque fois que le film appartient à cette même série. Le nom du personnage et sa fonction sont donc cités dans le titre de quatre des cinq films de la série en français, ce qui n’est pas le cas en anglais, le premier épisode se nommant Dirty Harry, titre beaucoup plus imagé et faisant référence aux méthodes « musclées » utilisées par l’inspecteur. On remarque au travers des 4 épisodes suivants que la fonction d’inspecteur du personnage n’est jamais citée en anglais, ce qui permet une certaine liberté dans les titres, comme en témoignent les titres The Enforcer, Dead Pool, et Magnum Force (par ailleurs conservé en anglais), en plus de Sudden Impact.
Néanmoins, les deux exemples suivants montrent que même lorsque la traduction se révèle être toute trouvée, il est parfois jugé plus judicieux de conserver le titre en anglais, compte tenu du poids et de l’effet de style bien plus importants de l’anglais comparé au français.
Prenons tout d’abord l’exemple de Gladiator, film mondialement connu de Ridley Scott, qui a redynamisé le genre du « péplum » au cinéma. On peut se dire que la traduction littérale « Gladiateur » aurait pu convenir, mais l’anglais bénéficie ici d’un certain avantage puisqu’il évoque sûrement plus de choses pour le public, et qu’il contribue à transmettre le caractère épique que le film est censé dégager.
Il en est de même pour le film Drive, franc succès du réalisateur Nicolas Winding Refn. Ici, le titre pourrait à nouveau être traduit tout simplement par le verbe « Conduire », qui met en avant la vie mouvementée d’un professionnel de la conduite. La simplicité d’une telle traduction mise à part, il se pose ici un problème : celui de l’importance de l’anglais sur le plan mondial.
En effet, la langue anglaise possède un impact particulier sur toutes les autres, puisqu’elle s’avère la langue source principale de nombreux produits culturels, tels que les livres, les émissions télévisées et films, la musique, les jeux vidéo etc. Elle possède donc une tonalité particulière, un effet de style et une certaine puissance sur le plan mondial par rapport au français.
En dehors des raisons commerciales ou culturelles qu’il n’est pas possible de nier tant l’aspect financier est important de nos jours, on fait souvent le choix de conserver l’anglais car cela permet au produit de garder un « cachet authentique » bien ancré dans les mentalités anglaises et américaines, qui se prête également avec facilité aux autres langues, particulièrement lorsque le titre est susceptible d’être compris par la majorité du grand public malgré la barrière de la langue, qui n’en est d’ailleurs plus vraiment une dans ce cas précis.